Roularta Printing investit dans des sécheurs écoénergétiques – un entretien avec Steven Renders
– Article de Nouvelles Graphiques – Kurt De Cat –
La société cotée Roularta Media Group investit 4,5 millions d’euros dans de nouveaux sécheurs écoefficients pour trois presses magazines de son imprimerie heatset de Roulers. De quoi réduire de 14% les émissions de CO2 du groupe de médias.
Les trois presses magazines manroland de Roularta Printing, à Roulers (Flandre occidentale), seront équipées cette année de nouveaux sécheurs écoénergétiques Contiweb. La toute nouvelle 72-pages dispose déjà d’un tel four écoefficient depuis sa mise en service en 2020. Le remplacement des sécheurs représente un investissement de 4,5 millions d’euros pour l’imprimerie. «Les installations actuelles datent de 2008 et 2011. Elles sont encore facilement bonnes pour dix à vingt ans, mais nous faisons le choix de leur substituer des installations moins gourmandes en énergie», dit Steven Renders, directeur de Roularta Printing. Le premier nouveau sécheur sera installé à l’été, et les deux autres suivront dans le courant du dernier trimestre de 2023. Au lieu d’être externe comme avec les installations actuelles, la post-combustion est intégrée aux nouveaux sécheurs. L’énergie libérée par l’incinération des solvants peut être immédiatement récupérée pour le séchage, ce qui diminue sensiblement la consommation de gaz du four. Avec cet investissement de plusieurs millions d’euros, Roularta réduira ses émissions de CO2 de 14%. La consommation de gaz et d’électricité de l’imprimerie rotative heatset diminuera elle aussi, de 25% et 5% respectivement. «Nous sommes encore en pourparlers concernant la livraison des récupérateurs de chaleur. Un échangeur thermique sera placé sur chaque sécheur et la chaleur ainsi récupérée servira à chauffer les bureaux de l’imprimerie», poursuit Renders.
HYDROGÈNE VERT
Cet investissement s’inscrit dans la politique de développement durable de Roularta, centrée sur quatre objectifs (SDG) des Nations Unies, dont l’établissement d’une production et d’une consommation responsables (SDG 12) et la lutte contre les changements climatiques (SDG 13). «Avec ce nouvel investissement stratégique au cœur de notre imprimerie, nous réalisons une belle avancée dans la poursuite de notre objectif de développement durable, qui est d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2040», précise encore Steven Renders. L’Europe vise 2050 ; Roularta accentue cette ambition en avançant la date limite de dix ans. «Nous n’attendons pas 2040 ; c’est important. Nous essayons de prendre le plus grand nombre d’initiatives le plus rapidement possible», dit Renders. Le dirigeant voit le remplacement des sécheurs comme une étape majeure dans la réduction des émissions carbone de Roularta Media Group. «Beaucoup de choses peuvent avoir un impact à la marge, mais cet investissement nous fait économiser d’un coup 14% de la consommation totale de l’imprimerie. Ce n’est pas rien» En 2023, Roularta fait de nouveau le choix de sécheurs au gaz. Une solution non fossile n’était-elle pas possible? «Nous avons aussi regardé du côté de l’hydrogène vert, par exemple, mais la technologie ne semble pas encore pouvoir garantir la stabilité et la puissance dont nous avons besoin pour notre processus d’impression. L’encre doit pouvoir être séchée instantanément. Il n’y a pas de demi-mesure», répond Steven Renders.
COMPENSATION DES ÉMISSIONS CARBONE
L’imprimerie de Roularta a obtenu la certification ISO 50001, laquelle garantit que son management énergétique est conforme à la norme internationale. «Ce qui veut dire que chaque processus est surveillé en permanence. Nous avons aussi adhéré à la nouvelle convention EBO (EnergieBeleidsOvereenkomst, ndlr) de l’Autorité flamande dans le but d’encore améliorer notre efficacité énergétique. L’important est d’investir dans les applications qui assurent le plus fort retour», dit Steven Renders. Son équipe expérimente aussi avec la température interne des sécheurs. «Elle conditionne la qualité et dépend de l’épaisseur du film d’encre. Nous essayons ainsi d’améliorer différentes choses pour réduire la consommation d’énergie.» Une autre piste est d’augmenter la production propre d’électricité verte. Quelque 1 138 panneaux photovoltaïques tapissent déjà les toits des halls de production de la Meiboomlaan, à Roulers. L’implantation d’éoliennes n’est pas envisageable sur le site, mais l’achat d’électricité de parcs voisins est une option. «Notre ambition est de doubler le nombre de panneaux solaires que nous avons ici. Mais notre toit affiche déjà quasiment complet. Nous réfléchissons à l’aménagement d’une centrale photovoltaïque d’environ 10 000 m2 sur le terrain adjacent», confie Renders. Pour devenir neutre sur le plan climatique, une imprimerie doit aussi cartographier et tenter de réduire les émissions de tout ce qu’elle achète. «Nous avons rédigé une nouvelle charte à l’attention de nos fournisseurs. Nous attendons un engagement de leur part à produire de manière durable et à communiquer sur leurs projets en ce sens. Et cela va plus loin que la simple signature d’un document. Nous les évaluons sur la base de leur empreinte carbone», dit Steven Renders. Roularta Printing est certifiée selon la méthodologie ClimateCalc. «Nous avons obtenu le certificat pour la deuxième année d’affilée. Ce qui signifie que nous avons défini nos émissions de CO2 conformément à la norme ISO. Et aussi que nous sommes en mesure de calculer l’empreinte carbone d’un imprimé spécifique. Ce qui est précieux, car de plus en plus de clients s’enquièrent de l’impact climatique de leur commande. Ils peuvent, s’ils le souhaitent, le compenser en finançant des projets de plantation de forêts en Europe (via Goforest, ndlr) ou au Kenya.» Roularta Printing a remarqué que le degré de soutenabilité de la production apparaissait toujours plus souvent dans les critères d’attribution des appels d’offres. «Le prix comptait auparavant pour 95%, et les autres critères pour 5%. Nous observons depuis récemment que jusqu’à 30% des points peuvent être associés à des critères de développement durable. J’ai l’impression que nous nous en sortons pas mal. C’est important pour nous», conclut Steven Renders.